Permis de séjour : comment une préfecture dégrade l’attractivité d’un territoire

Les lourdeurs administratives autour des permis de séjour ne sont pas qu’un casse-tête pour les étrangers : elles freinent l’innovation, aggravent la pénurie médicale et fragilisent l’accès aux soins. Entre talents qui quittent les entreprises et médecins contraints de partir, c’est tout un territoire qui voit son attractivité s’effriter.

En juillet, lors d’une enquête pour le CSSCT, nous avons rencontré une jeune salariée marocaine, prestataire sur la data, domaine clé du développement de l’entreprise. Elle a annoncé quitter Michelin avec dans les différents motifs, le fait que la préfecture du Puy-de-Dôme était notablement plus dure que celle de Paris notamment pour la délivrance de permis de séjour. Nos camarades de DOTI ont remonté des cas de jeunes informaticiens marocains quittant l’entreprise pour des motifs similaires. Voilà Michelin entravé par les tracasseries de l’administration dans son développement.

Dans un hôpital périphérique d’une grande ville, la seule cardiologue en poste vient de démissionner. Deux cardiologues algériens l’assistaient : compétents, formés à un excellent niveau reconnu par les professionnels, mais privés d’autonomie faute d’avoir passé le concours français et parce qu’ils ne sont pas européens. Tant pis si la pénurie de médecins en France est un sujet brûlant. Après deux ans d’accompagnement, ils avaient enfin obtenu le droit d’exercer… mais la préfecture a refusé de renouveler leur titre de séjour, estimant sans doute que ce département ne manque pas de cardiologues. Peut-être vrai dans le privé, mais certainement pas à l’hôpital, où les salaires sont loin des standards du marché. Épuisée par des astreintes 24h/24, 7j/7 pour encadrer ses collègues – avec pour seules respirations quelques renforts du CHU voisin – la cardiologue a fini par jeter l’éponge. Les conséquences pour les patients ? Faciles à imaginer.

Cela rappelle furieusement le sketch de Fernand Reynaud : « on n’aime pas les étrangers, ils volent le pain des français » qui se concluait par « On n’a plus de pain au village, l’étranger est parti, c’était le boulanger ». Cette réalité est telle qu’Amnesty International, association prix Nobel de la paix 1974 a lancé une pétition pour demander à la France des permis de séjours arrêtant de précariser toujours plus les résidents étrangers. 

La Cfdt, notamment par la voix de sa secrétaire générale Marylise Léon qui dénonce une politique cynique et hypocrite, appelle à un débat apaisé sur l’immigration. Nous avons plus à gagner à la solidarité entre les travailleurs quelles que soient leurs origines qu’à des oppositions ineptes des différentes populations.

Les élus Cfdt

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *