Stratégie Michelin de croissance hors pneu : des conséquences dommageables ?

Michelin affiche une ambition de forte croissance de ses activités hors pneumatique : de moins de 1 milliard € de chiffre d’affaires en 2021 à 8 voire 10 milliards € à l’horizon 2030.

Un développement aussi rapide ne pourra se faire que par acquisitions externes…qu’il va falloir financer.

La lecture des indicateurs économiques stratégiques permet d’identifier comment l’entreprise réoriente déjà ses investissements.

Tout d’abord, elle fait le choix de tasser la part de son chiffre d’affaires alloué à la R&D : historiquement en pointe par rapport à la concurrence dans les années 2010, Michelin rentre dans la moyenne – seul Pirelli, spécialisé dans le haut de gamme Tourisme, continue à accélérer.

On peut donc s’attendre à une mise sous pression des salariés du domaine pneu car, à budget constant, l’entreprise devra quand même financer l’effort de R&D dans les domaines hors pneu qu’elle cherche à faire croître en interne. Et même si le budget R&D pneu diminue, les ambitions dans le domaine sont maintenues …Cela est plus de nature à créer des situations de burnout qu’à donner du sens au travail.

Ensuite, elle compresse ses coûts salariaux

A grand renfort de suppressions de postes, délocalisations ou sous-traitance, l’entreprise est devenue une championne des SG&A (la masse salariale comptant pour 60% de ce poste) alors qu’il y a 4 ans elle se désolait d’être à la traine de Continental…

Nos concurrents ont apparemment une lecture différente du capital humain dans l’entreprise : une ressource pour assurer la croissance et développer le leadership technologique plutôt qu’un coût qu’il faut réduire.

La Cfdt s’inquiète du sens que peuvent trouver les salariés des domaines pneu dans le déploiement d’une telle stratégie. Au moment où nos dirigeants s’émeuvent de difficultés de recrutement qu’ils imputent à des facteurs externes (le rapport au travail suite à la crise COVID), nous leur recommandons de s’interroger sur l’effet conjugué d’une baisse d’attractivité de Michelin, à l’embauche et sur le turnover.

Enfin nous alertons l’entreprise sur le risque ultime : la vache à lait pneus ne risque-t-elle pas de tarir faute d’innovations et de ressources ?

Denis Paccard Elu CSE & CSEC

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