Le Poids-Lourd dans la tourmente
Après la fermeture des usines poids-lourd allemandes de Trèves et de Karlsruhe, Michelin vient d’annoncer l’arrêt de l’activité d’Olsztyn dans ce même segment. Quelle est donc la stratégie du Groupe sur ce marché ?
Depuis la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon, Michelin ne produit plus, hélas, de pneumatique Poids-Lourd en France. Les nouvelles annonces amènent légitimement à se demander si Michelin fera encore dans un futur proche des pneumatiques PL en Europe. Par ailleurs, l’entreprise a restructuré ses activités de ventes de pneumatiques au kilomètre par deux fois en moins de deux ans, selon sa logique de restriction de l’offre et de recentrage sur les segments les plus rentables.
Le segment présente une marge inférieure aux autres segments de pneumatiques – cf. notre article du 22 février https://www.cfdtmichelin.com/resultats-2023-moins-on-produit-plus-on-gagne/.
Les exigences financières du Groupe pourraient donc conduire, à terme, à une décision radicale. Cela pose une vraie question d’indépendance stratégique.
Pour les mêmes raisons financières, Michelin a aussi délocalisé les activités de tests et décorticage Poids Lourd de Ladoux à Olsztyn.
Une triple aberration :
- Ecologique : les pneumatiques venant de toute l’Europe sont centralisés à Ladoux pour repartir en Pologne
- Pratique : les délais de route sont plus importants et les risques de perte d’enveloppes accrus.
- Technique : l’analyse des tests nécessite une collaboration étroite entre les développeurs et les décortiqueurs. L’éloignement et le problème de la langue ne facilitent pas la compréhension des phénomènes. La nécessité de la présence d’interprètes, de formation de salariés polonais à Ladoux interroge également sur la pertinence économique de la situation actuelle.
La Cfdt dénonce la stratégie de repli de Michelin en Poids Lourd. Laisser aux concurrents les segments les moins intéressants, c’est leur permettre par des effets de volume d’être toujours plus profitables et d’être toujours plus agressifs avec nous. Reconquérir le terrain perdu sera très difficile, voire impossible.
Nous appelons l’entreprise à réinvestir dans ses outils industriels, dans son offre, dans son organisation, dans la recherche, pour conserver sa place dans tous les segments.
L. Bador & C. Boyer