Veille environnementale : promesses et zones d’ombres de la capture et du stockage du carbone (CCUS)

La CCUS fait partie des scénarios élaborés par le GIEC pour limiter le réchauffement climatique. Elle contribuerait aussi à la préservation des emplois dans une transition juste. Mais l’impact environnemental de cette technologie pourrait s’avérer plus néfaste que bénéfique.

La CCUS (Carbone Capture Utilisation @ Storage) est une technologie visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant de la combustion des combustibles fossiles dans les centrales électriques et les procédés industriels. Elle consiste à capturer le CO2, à le comprimer et à l’injecter dans des formations géologiques profondes où il peut être stocké, ou à l’utiliser comme ressources (biocarburants par exemple).

La CCUS en Europe et en France

En Europe, les développements s’accélèrent : les premiers projets à grande échelle seront opérationnels dès 2024 et la France n’est pas en reste (ex : le projet PYCASSO dans les Pyrénées) .

La CFDT Chimie-Energie souligne que la CCUS pourrait jouer un rôle majeur dans la préservation des emplois industriels sur le sol européen et pourrait en créer de nouveaux pour sa mise en œuvre.

Toutefois ce n’est pas une solution miracle, loin de là…

  • Une technologie coûteuse 

Les technologies de la CCUS existent depuis un demi-siècle. Mais au regard de leur forte consommation en énergie et en eau, leur prix prohibitif n’a jamais, jusqu’ici, permis de concrétiser des projets industriels. De grandes disparités existent entre les industries pour qui il est plus ou moins facile de capter le gaz rejeté. Plus les rejets industriels concentrent une forte part de CO2, plus il est facile d’un point de vue énergétique de le récupérer et donc de faire baisser le coût.

  • Le maintien partiel des énergies fossiles

La quantité de CO2 à éliminer pour atteindre la neutralité carbone dépasse de loin ce que les technologies actuelles de CCUS pourraient fournir. Il est donc crucial que les investissements en CCUS soient utilisés en complément des actions de sobriété et d’efficacité énergétique, qui sont les leviers les plus immédiats pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

  • Les impacts de la CCUS sur l’eau

Selon l’US Geological Survey (USGS), l’introduction de technologies de CCUS nécessite des quantités supplémentaires d’eau pour les processus chimiques et physiques de capture et de séparation de grands volumes de CO2.

La deuxième préoccupation liée à la mise en œuvre de la CCUS est le danger pour les eaux souterraines en raison des fuites potentielles de CO2. Ces fuites peuvent se produire en raison de fuites sur les puits, de fuites au travers de failles ou encore de fuite par porosité de la roche de couverture. Très peu de recherches ont été effectuées sur l’impact potentiel de ces fuites de CO2 sur les eaux souterraines.

Il est donc nécessaire de renforcer la recherche et le suivi sur les impacts de la CCUS sur l’eau et plus globalement sur l’impact environnemental global de cette technologie. Il faut favoriser un dialogue transparent entre les acteurs concernés (gouvernements, industriels, syndicats, associations, etc.) pour assurer une transition écologique juste et durable

Sandrine Le Guilloux élue CFDT d’après CFDT magazine n°502 Avril 2024

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