Santé au travail : différencier les genres ne signifie pas discriminer

La délégation aux droits des femmes du Sénat a rendu son rapport en septembre 2023 : « Santé des femmes au travail : des maux invisibles » ; un plaidoyer en faveur de la différentiation des genres en matière de santé et de pénibilité au travail.

La délégation aux droits des femmes du Sénat a rendu son rapport en septembre 2023 : « Santé des femmes au travail : des maux invisibles » ; un plaidoyer en faveur de la différentiation des genres en matière de santé et de pénibilité au travail.

L’enquête du Sénat s’est heurtée à une 1ere difficulté : le manque de chiffres. « Les statistiques sexuées sont apparues il y a une dizaine d’années mais demeurent réduites ou insuffisamment exploitées ».  Les employeurs sont réticents à une approche genrée de peur d’être taxés de discrimination.  « Cela explique l’absence quasi totale de mise en œuvre de l’évaluation sexuée des risques professionnels pourtant prévue par la loi no 2014-873 du 4 août 2014 ».

Sans connaître, comment prévenir les maladies professionnelles et la pénibilité au travail et comment réparer ?

Sur ces sujets, les politiques publiques ont d’abord été pensées pour des travailleurs masculins et pour les risques liés aux métiers masculins. Les postes de travail et les équipements – y compris les équipements de protection individuels (EPI) – sont basés sur les références anthropométriques d’un « homme moyen». Or les situations de travail sont différentes selon les sexes ainsi que les contraintes au travail et hors travail (les femmes continuant d’assumer plus de tâches domestiques).  Pour le Sénat « Les femmes sont majoritairement exposées à des risques invisibles et silencieux, liés à une usure physique et psychique, alors que les hommes sont davantage exposés à des dangers visibles et engageant le pronostic vital (accidents, amiante…) »

Les chiffres sont d’ailleurs révélateurs :

  • Entre 2001 et 2019 les accidents du travail ont augmenté de 42% chez les femmes.
  • Les femmes sont 2 fois plus exposées aux TMS que les hommes.
  • Les femmes qui travaillent la nuit ont 26% de risque supplémentaires de développer un cancer du sein.
  • 3 fois plus de signalements de souffrance psychique chez les femmes
  • 20% des femmes ont subi au moins un fait de violence au travail en 2021.
  • Les femmes enceintes ou mère d’enfant en bas âge ont subi 2X plus de discrimination que leurs collègues.

Les recommandations du Sénat se concentrent autour de trois grands axes :

  • Prendre en compte systématiquement les différences liées au genre.
  • Développer et adapter la prévention à destination des femmes.
  • Mieux prendre en compte la santé sexuelle et reproductive au travail (voir notre article du 24/03/2023).

Pour la CFDT, améliorer les conditions de travail pour les femmes c’est faire progresser les conditions de travail de toute l’entreprise. Distinguer les hommes et les femmes dans cet esprit de progrès ne peut être que positif.

Sandrine Le Guilloux, élue CSE

Source : rapport de la délégation aux droits des femmes du Sénat, septembre 2023

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