Charge de travail : une absence de vue d’ensemble malgré une diversité d’outils

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La commission de suivi de la charge de travail des cadres & collaborateurs a eu lieu le 20 février dernier. Les multiples indicateurs sont stables depuis 4 ans. Pour autant, par manque de systématisme et de consolidation des chiffres, Michelin n'en fait pas un vrai outil de pilotage de la charge de travail. C'est préjudiciable aux salariés mais aussi à l’entreprise.

Deux solutions pour signaler une surcharge de travail

La première, le logiciel GTA, pourtant très souple, est peu utilisée. On ne compte que 7 situations de surcharge de travail chez les cadres sur le périmètre France en 2024 pour 11 l’année dernière. 0.1% de la population cadres, autrement dit, encéphalogramme plat. Les collaborateurs et cadres à temps partiel, non postés, peuvent quant à eux y déclarer des heures supplémentaires mais le font peu : 582 heures en 2024. 

La deuxième solution, beaucoup plus fréquente, est le canal managérial, et l’inscription dans Intouch lors d’un feedback. 83 % des salariés ont eu au moins une évaluation de la charge de travail (13123 personnes). Mais une modification du logiciel en a limité la fréquence : il n’ y a eu qu’une évaluation de la charge de travail/an en moyenne contre trois en 2023. Pourtant 2% des salariés se sont déclarés dans le rouge et 21% en orange soit au total près d’un quart de l’effectif. Comment estimer, quantifier la différence d’intensité entre rouge et orange ?un orange  tenable sur un mois, six mois ?   L’entreprise ne le sait pas elle-même. Avoir 2% ou 23% de salariés en surcharge grave de travail, c’est pourtant bien différent…
Les collaborateurs et cadres à temps partiel, déclarent à leurs managers 5385 heures supplémentaires, 10 fois plus que par GTA. 

Et un suivi des temps de travail

La charge des salariés est également suivie anonymement par les badgeages (amplitudes horaires, hebdomadaires, temps de repos (absence hors de l’entreprise) …) et l’envoi de mails à des heures tardives ou le weekend. Les collaborateurs et les cadres sont environ 10% par an à dépasser les seuils d’alerte de ces outils ; les premiers principalement par leur temps de présence, les seconds par des envois de mails le soir ou les week-end. Les chiffres évoluent peu d’une année sur l’autre. 

Pour la Cfdt, il serait intéressant de d'analyser plus finement différentes mesures – par site voire par service. En recoupant avec les niveaux d'activité, les arrêts de travail...Cela pourrait être un signal faible à regarder par la commission RPS et les partenaires sociaux. Mais cela permettrait aussi à Michelin de mesurer les risques et impacts avant de décider de réduire des effectifs... Avec des résultats sur plus de 13 000 salariés, il doit être possible d’en tirer des informations sur le collectif, pour le collectif. Surtout si on le corrèle avec des données de santé au travail. Peut-être pour l’année prochaine… le dialogue social est aussi affaire de patience…

Chris Boyer, élu CSE Clermont

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