Cadre et syndiqué : ni trahison ni loyauté aveugle
Contrairement à une idée préconçue, s’engager syndicalement en tant que cadre ne signifie pas combattre son entreprise ni risquer sa carrière. C’est plutôt contribuer à un dialogue social constructif, indispensable pour relever les défis actuels.
Un tabou bien français
Chez nous, la culture organisationnelle oppose encore « camp des patrons » et « camp des syndicats », rendant l’adhésion syndicale des cadres discrète, voire taboue. La crainte de perdre en crédibilité ou en possibilité de promotion pousse nombre de managers à éviter de s’engager…ou cacher leur engagement. Cette perception contraste avec des pays comme la Suède, où être cadre et syndiqué est naturel et favorise la négociation collective.
Côte à côte mais pas dos à dos
Militer consiste à questionner l’entreprise pour améliorer ses pratiques. Le syndicalisme offre un espace de réflexion et négociation sur les tous grands thèmes de la vie au travail : la santé, la pénibilité, la formation, la transmission, la reconversion, l’éthique, la reconnaissance, l’impact environnemental….
Un collectif
Une organisation syndicale n’est pas un monde à part, c’est une équipe de salariés de l’entreprise, de tous horizons, qui évolue et travaille au sein de l’entreprise. Elle est unie par des valeurs communes comme la solidarité, l’égalité, la démocratie. Être cadre / manager et militant n’est pas incompatible. C’est au contraire l’opportunité de faire partie voire d’animer une équipe syndicale au champ d’actions parfaitement complémentaire à celui d’une équipe opérationnelle.
Un second souffle du dialogue social
Face aux crises écologiques, sociales et économiques, les entreprises doivent repenser leurs pratiques managériales tout comme les organisations syndicales doivent s’adapter à la réalité du monde. Bâtir des organisations durables ne peut se faire que dans la coopération et le dialogue, non dans l’affrontement.
Être cadre et syndiqué, loin d’être antagoniste, permet une contribution précieuse à la performance collective. Le dialogue social, fondé sur la diversité des opinions, est la clé pour transformer l’entreprise et répondre aux enjeux d’aujourd’hui.
Christophe Le Roux, animateur Cfdt Michelin Clermont
D’après « Jouer collectif. Un choix professionnel et syndical » de J.-P. Bouchet, aux Editions ouvrières, 2019. Postface de Laurent Berger