SIMPLY : baisse des effectifs à Clermont et inquiétude pour Cholet

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A CLERMONT-FERRAND

L’examen des 19 projets 2022 du programme Simply, sur le périmètre de Clermont, a été le révélateur de la vraie stratégie de Michelin. Dans la plupart des cas, sous couvert de simplification, on constate une destruction d’emplois dans un but avant tout financier.

Les projets partent rarement d’une optimisation des processus ou d’une digitalisation, qui viseraient à améliorer la qualité de service, conquérir des parts de marché, s’adapter aux défis du futur, avec pour conséquence collatérale le besoin de réduire les effectifs.

Ils ont généralement pour unique objectif de réduire la masse salariale ; cela se fait souvent par une délocalisation en Roumanie (Achats logistiques ou Customer service AIM), Pologne (GST) ou Inde (DORD), parfois par pure réduction d’effectifs (Commerce France, Cataroux C25…) ou transfert à la sous-traitance (Services et Solutions, Rechapage, STI).

Vos élus CFDT ont questionné l’aspect social des projets. La plupart des chefs de projet qui sont intervenus devant le CSE ont donné l’image d’une conduite de projet très professionnelle, avec un soin apporté aux risques psycho-sociaux et une attention pour les personnes dans la phase de transition. Certains chefs de projet voient eux-mêmes leur poste supprimé. Vos élus CFDT seront attentifs à ce que les actes suivent les ambitions sociales affichées, en particulier en matière de reclassement interne des salariés.

Le total des postes supprimés est de 469 en 2022 sur Clermont Ferrand. Cela ne se traduira par aucun licenciement : Michelin table sur 216 départs en pré-retraite et 178 volontaires à la mobilité externe : il restera donc au minimum 175 personnes qui vont devoir se mettre en quête d’un reclassement interne, plus ou moins problématique selon leur NRI, leur âge et leurs compétences.

Certes l’entreprise nous annonce la création totale de 260 postes mais souvent dans des nouveaux métiers ; elle a d’ailleurs un plan de recrutement de 220 à 245 personnes…

L’entreprise nous dit aussi qu’elle va s’attacher à mesurer et pousser à l’amélioration des conditions de travail et l’excellence opérationnelle pour les salariés qui restent après restructuration. La CFDT a apprécié la promesse, elle jugera les actes.

Il n’en reste pas moins que SIMPLY est avant tout une réduction des effectifs à marche forcée. L’expérience des délocalisations précédentes montre qu’elles se traduisent la plupart du temps par une phase de complexification des processus avec déstructuration des savoir-faire. Il en résulte à la fois une dégradation de l’efficience opérationnelle, une de perte de sens et une augmentation de la charge de travail pour ceux qui restent. Au final, elles conduisent à délocaliser davantage, y compris dans les services connexes, ou à externaliser ou supprimer des activités qui auraient perdu en efficacité et qualité de service. L’exemple emblématique est l’annonce de la délocalisation à Bucarest des contract managers du domaine logisitique : la justification était … la complexification liée à la délocalisation précédente.

La CFDT dénonce ainsi une stratégie court-termiste à but purement financier qui aura des conséquences néfastes pour l’entreprise elle-même à moyen terme et dégrade l’image d’entreprise citoyenne que Michelin cherche à se donner.

DANS LES USINES

L’examen en CSEC des projets industriels prévus en 2022 dans le cadre de SIMPLY a apporté des assurances très variables selon les sites.

Dans la plupart de sites, il s’agit en réalité de démarches d’amélioration continue, avec des suppressions de postes en nombre limité et saupoudrées sur différents secteurs. Le cas de Troyes, où l’arrêt complet de la production de mélanges a été annoncé, est ainsi exceptionnel.

Cependant, la mise en perspective des projets engagés avec le bilan initial dressé par l’entreprise pour chaque site, apporte des éclairages sur les ambitions réelles de l’entreprise.

Certains sites voient leur pérennité confortée :

Inversement, l’inadéquation évidente entre projets et enjeux de compétitivité crée ou renforce les doutes sur la volonté réelle de l’entreprise d’assurer la pérennité de certains sites :

Certains sites poursuivent le déploiement de stratégies déjà engagées : c’est le cas de Vannes, de Golbey, de Bourges et des Gravanches. Ces sites sont peu concernés par Simply.

La CFDT exprime sa grande inquiétude vis-à-vis de l’avenir de Cholet et invite l’entreprise à envisager une stratégie réellement en capacité d’assurer la pérennité du site. La CFDT est prête à s’engager pour soutenir une telle démarche.

Christophe Le Roux, Denis Paccard, élus CSE Clermont-Ferrand

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