L’électricité demain en France

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Depuis 15 ans, le marché de l’électricité était d’une grande stabilité. régulé, parfois avec excèspar l’ARENH (1).
Mais le début des années 2020, la concomitance inimaginable d’évènements propres au système électrique lui-même et d’autres plus exogènes ont forcé les décideurs à repenser leurs politiques énergétiques et surtout à agir vite.
On trouve pêle-mêle la crise du Covid, la guerre en Ukraine, le problème générique de la corrosion sous contrainte des réacteurs nucléaires d’EDF, la sortie complète de l’Allemagne de l’électronucléaire et bien sûr la fin inéluctable des énergies fossiles compte tenu d’un dérèglement climatique préoccupant.

Une explosion des prix de l'électricité

Cet alignement désastreux des planètes a provoqué sur les marchés de l’électricité un séisme majeur. 
Les prix de gros sur le marché au jour le jour sont passés en quelques mois de 52 €/MWh à 3000 €/MWh soit 6000% d’augmentation ! Après ce pic, on est rapidement revenu à des niveaux plus raisonnables mais à environ 700 €/MWh sur l’ensemble de l’année 2022. 

 

Cet épisode nous dit une chose d’une grande banalité, quand l’électricité vient à manquer, les prix explosent.
L’un des éléments clés de cette équation des prix est que l’électricité ne se stocke pas ou très peu, on est donc dépendant de la production en temps réel. Dit autrement, on ne peut pas faire de provision pour l’hiver.

Des besoins accrus

Un tel évènement a par ailleurs suscité de légitimes interrogations sur notre capacité à atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire la sortie des énergies fossiles, car elle n’est envisageable qu’avec une disponibilité largement renforcée de l’énergie électrique. La décarbonation de notre économie va en effet nécessiter d’augmenter de plus de 50% notre production d’électricité (décarbonée). 

Comment en effet accepter l’idée que la transition va s’engager et qu’on va avoir besoin de beaucoup plus d’électricité alors qu’on se trouve déjà en tension sur l’équilibre offre-demande avec une offre limitée.
Il est donc impératif d’être en capacité de produire l’électricité décarbonée dont on aura besoin… et il faut l’anticiper de suite. C’est le sens des recommandations de la Cfdt avec l’idée qu’une production suffisante permettra de maitriser les prix avec un double bénéfice, la lutte contre la précarité énergétique et la capacité à réindustrialiser le pays.

Des investissements colossaux

Enfin, un mot sur les dernières évolutions de l’organisation des marchés de l’électricité. L’état a proposé avec EDF la mise en place de contrats à long voir à très long terme, de plus de 5 ans à plus de 10 ans quand les contrats jusqu’à aujourd’hui ne dépassaient pas 3 ans. Ces contrats doivent d’abord permettre de garantir une stabilité des prix de l’électricité. Mais les investissements pour remplacer les fossiles par des énergies décarbonées vont être colossaux, il y aura donc un impact de ces investissements sur les prix de vente. Il faudra limiter ces augmentations et lisser les à-coups sur les prix finaux de l’électricité. C’’est le sens de cette réforme des marchés et c’est une première avancée positive.

La Cfdt croit en la capacité de développer des emplois dans nos territoires tout en luttant contre le réchauffement climatique. Cela passe par une production suffisante et compétitive d’électricité décarbonée et une réindustrialisation volontariste de la France.

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(1) L’ARENH (Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique)  est un dispositif permettant aux fournisseurs alternatifs d’acheter de l’électricité nucléaire dans des « conditions économiques équivalentes » à celles d’EDF. Ce dispositif court de 2011 à 2025.

Visualisez toutes les données d’électricité  en temps réel via le lien éCO2mix
https://www.rte-france.com/eco2mix

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