Et si on écoutait les scientifiques ?
Du 03 au 13 octobre c’est la fête de la science, une bonne occasion d’écouter ce que nous disent les scientifiques, notamment sur le climat. L’information environnementale est aujourd’hui omniprésente, mais paradoxalement, elle reste difficile à comprendre et à intégrer dans nos comportements. Ce paradoxe s’explique par une double complexité : celle de notre cerveau et celle de notre société.
Un cerveau partagé entre raison et récompense
Le cerveau humain est structuré autour de deux grands pôles : le cortex, siège du raisonnement et de l’analyse, et le striatum, plus primitif, qui fonctionne selon une logique de récompense immédiate. Ce dernier libère de la dopamine lorsque nous atteignons des objectifs simples liés à la survie, comme manger. Lire un rapport du GIEC ne procure aucune gratification immédiate…
Des mécanismes psychologiques puissants se mettent en place et expliquent en partie que les croyances individuelles l’emportent parfois sur la rationalité de la science.
- La distance spatiale et temporelle : les problèmes semblent toujours plus graves ailleurs ou dans le futur.
- L’Anesthésie émotionnelle : contrairement à une menace directe, les dangers environnementaux ne déclenchent pas de réaction instinctive (du type croiser une araignée).
- Les biais cognitifs : notre perception est déformée par des filtres mentaux comme le biais de confirmation (on privilégie les infos qui confortent nos croyances), l’optimisme (on pense que les autres seront plus touchés), ou encore l’aversion à la perte (on craint plus de perdre que de ne pas gagner).
- La saturation et la dissonance cognitive : face à trop d’informations ou à des contradictions entre nos valeurs et nos actes, notre cerveau se protège en rejetant ou en minimisant le problème.
- Le conservatisme : « on a toujours fait comme ça » devient une excuse pour ne pas changer.
Le poids du regard des autres
Un autre frein majeur est l’interaction spéculaire : nous imitons les comportements de notre entourage pour rester intégrés. Ce phénomène engendre une attente réflexive : chacun attend que les autres changent avant de le faire soi-même, par peur d’être marginalisé. Pourtant, ce mécanisme peut être retourné : en initiant le changement, on peut influencer positivement son groupe.
Une histoire collective à réécrire
Enfin, notre société repose sur un récit dominant : celui de la consommation, de la possession et de la compétition. Ce récit, profondément ancré, structure nos valeurs et nos comportements. Même si nous en percevons les limites, il reste difficile de s’en détacher pour imaginer un autre modèle collectif, fondé sur la coopération, la sobriété ou le respect du vivant.
A la Cfdt nous pensons que comprendre les freins cognitifs et sociaux à l’action écologique est essentiel pour mieux les dépasser. En changeant nos récits, en valorisant les émotions et en agissant collectivement, nous pouvons amorcer une transformation profonde et durable.
Sandrine Le Guilloux, élue CSE